(18/07/1940 - 1944) Vice-amiral, Pr�fet de de la Vienne et pr�fet r�gional de la r�gion de Poitiers (Charente-Maritime (Charente-Inf�rieure jusqu'en 1941), Deux-S�vres et Vend�e et les parties occup�es de la Charente, de Dordogne et de la Vienne. Condamn� � huit ans de prison � la Lib�ration (1881-1970)
Jean Schuhler
(06/1944 - 1946) Commissaire r�gional de la R�publique de la r�gion de Poitiers (Charente-Maritime (Charente-Inf�rieure jusqu'en 1941), Deux-S�vres et Vend�e et les parties occup�es de la Charente, de Dordogne et de la Vienne)
Type d'aide: Faux papiers Profession: Peintre Qualit�: R�sistante, agent de liaison Religion : Protestante Nom de naissance: Schweitzer Nom d'�pouse: Rosenberg Date de naissance: 07/11/1910 (Schiltigheim (67))
Date de d�c�s: 29/06/1983 (Strasbourg (67))
H�l�ne Schweitzer* est n�e en 1910 � Schiltigheim, dans une famille luth�rienne alsacienne apparent�e � celle du Dr Albert Schweitzer.
H�l�ne Schweitzer* �tudie les beaux-arts en Hollande et r�alise � Strasbourg des s�ries de tr�s belles peintures � l�huile qui sont expos�es dans la Librairie de la M�sange, 18 rue de la M�sange dont les propri�taires sont Paul et Suzanne Hertz.
En 1939, elle rencontre un r�fugi� roumain, �mile Rosenberg, chef scout chez les �claireurs isra�lites de Strasbourg, avec qui elle se fiance.
Il est fait prisonnier en 1940 et ne retrouvera sa fianc�e qu'en 1945.
H�l�ne Schweitzer*, artiste peintre et graveur, domicili�e � Paris, se met tr�s t�t au service de la R�sistance, changeant souvent d�adresse.
Elle confectionne des faux papiers tant dans la r�gion parisienne que dans la r�gion bordelaise pour un groupe de r�sistants protestants de Bordeaux, issu des mouvements de jeunesse de l'�glise r�form�e, mais elle se met aussi au service de beaucoup d'autres groupes r�sistants et des Juifs menac�s de d�portation, contribuant � sauver des centaines de vies. Son action est associ�e � Bordeaux par Germaine Courtiau-Lavier, secr�taire de la pr�fecture, recrut�e par �dith C�r�zuelle*.
Elle fabrique des faux tampons, gravant le linol�um avec des stylets � l�aide de qualit�s artistiques ind�niables et d�un mat�riel de fortune, comme des morceaux de pomme de terre et de caoutchouc dentaire.
Elle partait de v�ritables coups de tampon frapp�s sur de v�ritables pi�ces officielles. Elle avait toujours avec elle dans un petit tas de toile d'environ 10 cm de hauteur ferm� par un cordon qui servait d'anse de poignet et qui ne la quittait jamais. Le dessin du tampon � reproduire �tait obtenu � l'envers par impr�gnation d'un coup de tampon authentique sur une pomme de terre coup�e en deux, puis reproduit sur un linol�um en version invers�e : commen�ait alors le travail de gravure du linol�um au stylet.
Elle imitait � la perfection les lettres gothiques et l�aigle du Reich, elle confectionnait aussi de faux contrats de mariage.
Les lieux de naissance �taient souvent choisis dans les communes o�, par faits de guerre, les archives avaient br�l� : Toul, Etain, Roubaix etc.
Un jour qu'H�l�ne avait oubli� son petit sac dans le train sur la banquette � c�t� d'un officier de la Wehrmacht, elle est tout simplement remont�e dans le train pour le chercher. �dith C�r�zuelle* demanda � H�l�ne Schweitzer* de faire une douzaine de tampons de diff�rentes mairies de localit�s situ�es en zone libre. Ces tampons lui permirent d'�tablir environ 200 cartes d'identit�s parfaitement conformes.
A Lezay, H�l�ne Schweitzer* disposait au presbyt�re protestant de Lezay, � la charge du pasteur Pierre Fouchier*, au premier �tage, d'un bureau � double fond o� elle cachait ses tampons et qu'elle y venait r�guli�rement confectionner les faux papiers r�clam�s par le Pasteur.
La famille de Paul et Suzanne Hertz r�fugi�e depuis 1940 � Coirac pu fuir dans les Deux-S�vres pour rejoindre le presbyt�re du pasteur Pierre Fouchier*, gr�ce � l'aide de Jacques Ellul*, munie de faux papiers d'identit� r�alis�s par H�l�ne Schweitzer* : Alice Samuel n�e Katz �tait devenue Alice Sambot n�e Borchat, Suzanne Hertz n�e Samuel �tait Sophie Henrion n�e Sambot, Anne Hertz �tait Anne Henrion et Jean Hertz �tait Jean henrion et Paul Hertz �tait "Paul Monnier".
En 1944, elle s�engage dans les Forces fran�aises combattantes en tant qu�agent de liaison affect�e au Service de Sant� et participe � la campagne d�Alsace et d�Allemagne.
H�l�ne Schweitzer* se convertira au juda�sme � la fin de la guerre et �pouse �mile Rosenberg en 1945, dans Strasbourg lib�r� le 14 juin 1945.
D�mobilis�e en mars 1946, elle sera cit�e � l�ordre de l�Arm�e, d�cor�e de la Croix de guerre et cit�e � l�Ordre du bataillon pour son "action � Unterrotenbach, o� elle fit preuve d�un courage et d�une �nergie admirables".
Elle d�c�de en 1983 � l'�ge de 73 ans. Elle est enterr�e au cimeti�re Juif de Cronenbourg en banlieue de Strasbourg. C'est le grand rabbin Warschawski qui a prononc� au bord de sa tombe de magnifiques paroles simples et poignantes : "cette femme m�rite plus que chacun d'entre nous de reposer ici dans le cimeti�re de notre communaut�... Eliane bath Abraham...".
La M�daille des Justes de Yad Vashem, remise � H�l�ne Schweitzer* (� titre posthume) le 11 mars 2003 � la Mairie de Strasbourg.
H�l�ne Schweitzer 1910 (Schiltigheim) - 1983 (Strasbourg) par le Professeur Jean Hertz, fait � Nancy le 2 mars 2001
T�moignage pour l'inscription de H�l�ne Schweitzer* �pouse Rosenberg comme Juste de Yad Vashem Je soussign� Jean Hertz, Professeur �m�rite � l'Universit� Henri Poincar�, Nancy I, certifie la sinc�rit� des faits suivants :
Mon p�re Paul Hertz n� � Strasbourg le 12 f�vrier 1900 et ma m�re Suzanne Samuel �pouse Hertz, n�e � Lure (Haute-Sa�ne) le 18 mai 1904, �taient libraires � Strasbourg avant la seconde guerre mondiale. Ils �taient propri�taires de la Librairie de la M�sange, 18 rue de la M�sange. Nous habitions 15 rue de Wissembourg � Strasbourg, (mes parents, ma grand-m�re maternelle Alice Katz, veuve Achille Samuel, n�e � Horbourg, Haut-Rhin, le 6 ao�t 1883, ma s�ur Anne Hertz n�e � Strasbourg le 12 juin 1930 et moi Jean Hertz n� � Strasbourg le 29 juin 1934).
Mon grand-p�re Salomon Hertz, Juif tr�s pratiquant, avait compris, d�s 1933, la dangerosit� de Hitler et du nazisme pour la communaut� juive et il ne doutait pas de l'imminence d'une guerre contre l'Allemagne. Pour prot�ger sa famille il avait acquis en 1937 une vaste propri�t�, le Haut-Bary, dans le bordelais, � Coirac (33540) pr�s de Sauveterre de Guyenne. Il pensait que les troupes allemandes seraient arr�t�es avant d'atteindre Bordeaux : il souhaitait que les familles de ses trois enfants, (Yvonne, mari�e, une fille, Paul et Georges, mari�s deux enfants chacun � l'�poque), puissent se rassembler au Haut-Bary en cas de conflit. Lui m�me mourut juste avant la guerre en 1939.
J'ai d�j� montr� dans deux autres t�moignages adress�s � Yad Vashem comment Pierre Fouchier* Pasteur de l'�glise r�form�e,(� Strasbourg avant la guerre, puis � Lezay, Deux-S�vres, pendant la guerre) et Jacques Ellul*, Professeur de Droit Romain � la Facult� de Strasbourg avant la guerre, et devenu paysan en Gironde pendant la guerre, ainsi qu'une cha�ne de solidarit� protestante de Bordeaux � laquelle l'un et l'autre �taient depuis toujours li�s, issue des mouvements de jeunesse de l'�glise r�form�e, ont permis � ma famille d'�chapper d'extr�me justesse aux rafles de Papon en mai 1943 et de survivre � la Shoah.
Dans le pr�sent t�moignage je vais parler d'une femme exceptionnelle, H�l�ne Schweitzer* qui fut la cheville ouvri�re pour la fabrication de quantit�s de faux papiers, au service de ce groupe de r�sistants protestants de Bordeaux mais aussi au service de beaucoup d'autres groupes r�sistants et Juifs menac�s de d�portation. Par son action remarquable elle � contribu� � sauver des centaines de vies, mais n'ayant jamais rien racont� apr�s la guerre de son action h�ro�que, m�me � sa propre famille, il m'a �t� tr�s difficile de cerner l'ensemble de ses activit�s durant cette p�riode 1940-1944. a partir de d�cembre 1944 il est plus facile de la localiser car elle s'est engag�e dans les forces Fran�aises combattantes, 1er groupe de Commandos de Choc en tant qu'agent de liaison affect� au service de sant� et qu'elle a particip� � la campagne d'Alsace et d'Allemagne, qu'elle fut d�cor�e de la Croix de Guerre et cit�e � l'ordre du Bataillon, le 11 avril 1945, pour "son action � Unterrotenbach ou elle fit preuve d'un courage et d'une �nergie admirables". Elle fut d�mobilis�e le 8 mars 1946.
Son adresse pendant la guerre ? C'est un myst�re ! H�l�ne* �tait partout � la fois. J'ai retrouv�, (un peu par hasard) � Aix en Provence Madame Weil �pouse Conte Myriam chez qui H�l�ne Schweitzer* semble avoir v�cu plusieurs mois apr�s l'armistice de 1940. J'ai personnellement crois� � plusieurs reprises H�l�ne Schweitzer* � Lezay dans les Deux-S�vres o� nous �tions r�fugi�s sous une fausse identit� entre 1943 et 1945. Elle dormait une ou deux nuits chez nous puis disparaissait. Madame Veuve Pasteur Pierre Fouchier* m'a expliqu� en 1998 qu'H�l�ne Schweitzer* disposait au presbyt�re protestant de Lezay, au premier �tage, d'un bureau � double fond o� elle cachait ses tampons et qu'elle y venait r�guli�rement confectionner les faux papiers r�clam�s par le Pasteur. Ma soeur Madame Lab� m'assure qu'H�l�ne Schweitzer* avait un pied � terre � Baignes-le-Tartre, mais je n'en ai aucune preuve. Ma cousine Jeannine L�vy a aussi rencontr� H�l�ne Schweitzer* � Paris en 1943. Sur ses papiers militaires H�l�ne Schweitzer* aurait �t� domicili�e dans la r�gion parisienne. Bref H�l�ne Schweitzer* �tait partout mais nulle part ce qui traduit bien ses activit�s multiples et ses aptitudes � la fonction d'agent de liaison. Il est tr�s regrettable qu'elle n'ait jamais livr� � personne le r�cit de ces cinq ann�es tr�pidantes qu'elle consacra, au m�prit du danger, au sauvetage des plus menac�s.
Pourquoi cette vocation de faussaire ? H�l�ne Schweitzer* �tait d'une famille luth�rienne de Strasbourg apparent�e � celle du Docteur Albert Schweitzer. Avant la guerre elle tenait l'orgue au temple protestant lors de certains cultes. Elle avait fait les beaux-arts en Hollande et avait r�alis� � Strasbourg des s�ries de tr�s belles peintures � l'huile qui furent expos�es � la Librairie de mes parents : c'est sans doute par ce biais que mes parents ont connu H�l�ne Schweitzer*. Elle pratiquait aussi bien la gravure et le dessin � la plume. Je poss�de encore mon portait � l'huile sur toile, r�alis� par H�l�ne Schweitzer* lorsque j'avais 3 ou 4 ans, mais j'ignore o� ce portrait a pass� la guerre. H�l�ne Schweitzer* s'�tait fianc�e en 1939 avec un dynamique r�fugi� roumain, Emile Rosenberg, grand chef scout chez les Eclaireurs Isra�lites de Strasbourg. C'est sans doute cette affection qui la fit r�agir imm�diatement, d�s 1940 aux lois antijuives de Vichy. �mile fut fait prisonnier d�s le d�but de la guerre et ne retrouva sa fianc�e qu'en 1945, dans les forces Fran�aises combattantes, sous le m�me uniforme. Juste � la fin de la guerre H�l�ne Schweitzer* se convertit au Juda�sme (en un �clair � cette �poque!) et �pousa religieusement son fianc� le 14 juin 1945, dans Strasbourg lib�r�e, les deux mari�s sous l'uniforme. Cette conversion brutale au juda�sme ne fut pas sans provoquer souvent des tensions, apr�s la guerre, entre H�l�ne Schweitzer* et sa propre m�re, peu pratiquante, mais attach�e � sa tradition luth�rienne, bien qu'elles habit�rent longtemps sous le m�me toit (d'apr�s une conversation priv�e avec Madeleine Rosenberg, fille d'H�l�ne Schweitzer*).
Conform�ment aux pr�visions du grand-p�re Salomon, notre famille avait pu rejoindre le Haut-Bary � Coirac au printemps 1940, sans mon p�re �videmment, mobilis� d�s la d�claration de guerre. Nous avions nous m�mes �t� bloqu�s � Courchevel o� nous passions les vacances d'�t� 1939. les moyens de transport �taient r�quisitionn�s par l'arm�e; nous avons donc pass� l'hiver 1939/40 � Courchevel, chez l'habitant. Au printemps 1940 les trois familles se retrouvaient au Haut-Bary, mais sans les hommes. Mon p�re a particip� � toute la "dr�le de guerre".
Le Pasteur Pierre Fouchier* avait quitt� Strasbourg, il avait en charge la paroisse de Lezay dans les Deux-S�vres. Jacques Ellul* avait tenu devant ses �tudiants strasbourgeois, au d�but de l'ann�e 1940, des propos tendancieux les incitant � quitter l'Alsace ; il fut r�voqu� de l'Universit� et apr�s divers p�riples se replia sur la r�gion bordelaise � Martres o� des amis lui pr�t�rent une propri�t� agricole de un hectare. Il s'y installa avec sa femme, son fils Jean et je crois sa m�re ou sa belle m�re ? Martres et Coirac (o� nous �tions nous-m�mes repli�s) �taient deux bourgades voisines, distantes seulement de 3 kilom�tres, (co�ncidence ou destin ?). Les deux communes se retrouvaient en zone occup�e � 7 km seulement de la ligne de d�marcation.
D�s le mois d'octobre 1940 Vichy proclama les lois anti-juives, les Juifs �trangers furent assign�s � r�sidence surveill�e dans des camps en France. En zone occup�e allemande l'ordonnance allemande du 18 octobre 1940 faisait obligation � tous les Juifs de se faire recenser. Notre famille s'est d�clar�e � la sous-pr�fecture de Langon, j'ai conserv� certaines de ces attestations, la premi�re datant du 5 novembre 1940 portait encore le cachet "R�publique Fran�aise" ! Plus tard ce cachet devait �tre remplac� par "�tat Fran�ais".
Imm�diatement et spontan�ment les anciens membres des mouvements de jeunesse protestante de Bordeaux se mobilis�rent pour porter secours et assistance aux pers�cut�s. c'est par des personnalit� �minentes de l'�glise luth�rienne allemande que l'information de la pers�cution des Juifs allemands �tait parvenue bien avant la guerre au sein de l'�glise r�form�e de france. Ces informations transitaient par l'interm�diaire de pasteurs suisses en charge de paroisses fran�aises. Je cite textuellement ici une extrait du t�moignage de M. Jean Bernyer, �galement reproduit en annexe de ce dossier, (Jean Bernyer a dirig� le r�seau de r�sistance F2 dont la mission �tait de renseigner Londres sur les activit�s de l'occupant dans la r�gion sud-ouest) :
"dans votre t�moignage (que j'avais adress� en 1998 au m�morial des justes de France) les personnes dont vous faites mention furent pour moi des amis extr�mement proches : d'abord l'adolescence, les ann�es de l'occupation et le reste de la vie. Tous nous avions milit� dans les �uvres protestantes : �claireurs Unionistes, Louveteaux ou F�d�ration des �tudiants protestants (J'avais assist� avec ma s�ur au congr�s de la F�d� � Strasbourg au d�but des ann�es 30). Nous avions tous les m�mes valeurs morales, les m�mes exigences de justice et de respect de la dignit� de la personne humaine. Il s'est donc trouv� que nous avons poursuivi les m�mes buts individuellement. Nous nous adressions � l'un ou � l'autre ami lorsque nous avions une difficult� ou un probl�me � r�soudre. En fait il y eut la cr�ation spontan�e du groupe sans qu'il y eut jamais ni r�union ni organisation. La communaut� juive �tant la plus pers�cut�e, il est �vident que nous nous sommes retrouv�s � mener cette lutte... En ce qui me concerne j'avais �t� inform� de ce qui se passait en Allemagne par un ami de notre groupe M. Jean Bichon qui � la fin de ses �tudes �tait parti pour l'ann�e scolaire 1938/39 � l'Universit� de Munich en qualit� de lecteur de Fran�ais. Revenu � Bordeaux en juillet 1939 nous avions pass� une longue apr�s-midi ensemble et il m'avait inform� du sort des familles juives allemandes, dont certaines habitaient dans le m�me immeuble que lui, qui souvent �taient d�port�es en camps de concentration par les Nazis."
Entre 1940 et 1943 Jacques Ellul* et ma m�re Suzanne Hertz qui s'�taient bien connus � Strasbourg collabor�rent pour fournir des faux papiers d'identit� aux Juifs et r�sistants menac�s. Je suppose sans en avoir de preuve formelle que c'est ma m�re qui avait mis en contact ce groupe de r�sistants bordelais avec H�l�ne Schweitzer*. En tous les cas ce qui est certain c'est qu'H�l�ne Schweitzer* fabriquait les faux papiers. Je l'ai vu faire sous mes propres yeux d'enfant, elle ne se cachait gu�re lorsqu'elle �tait chez nous. Elle semblait totalement inconsciente du danger qu'elle courrait et malgr� toutes ses actions h�ro�ques, elle �tait toujours d'un calme d�sarmant. Jean Bernyer dans son t�moignage parle d'au moins deux cents cartes d'identit� qu'il aurait fabriqu�es avec des faux tampons r�alis�s par H�l�ne Schweitzer*. Mais H�l�ne* fabriquait beaucoup d'autres contrefa�ons, notamment � Aix en Provence ainsi que l'atteste Madame Myriam Comte (t�moin n�3). Elle en fournissait �galement � Paris ainsi que l'atteste le t�moin n�2 Jeannine L�vy. Mon propre p�re qui vivait et travaillait � Lyon depuis sa d�mobilisation sous la fausse identit� de Paul Monnier devait aussi avoir des papiers r�alis�s par href=https://www.ajpn.org/juste-Helene-Schweitzer-512.html>H�l�ne Schweitzer*, car je l'ai vu deux fois � Martres avant mai 1943 date de notre fuite dans les Deux-S�vres.
La technique d'H�l�ne Schweitzer* pour fabriquer les faux tampons. Ce sont ses qualit�s de graveur qu'elle utilisait. Elle partait de v�ritables coups de tampon frapp�s sur de v�ritables pi�ces officielles. Je l'ai vu graver le linol�um avec des stylets. J'ignore combien de sortes de tampons elle a pu r�aliser mais son mat�riel de gravure �tait toujours avec elle dans un petit sas de toile d'environ 10 cm de hauteur ferm� par un cordon qui servait d'anse de poignet et qui ne la quittait jamais. Ma s�ur Anne m'a racont� que dans les p�riodes de couvre-feu o� l'on craignait la visite d'une patrouille allemande, ma m�re posait pendant la nuit le petit sac d'H�l�ne Schweitzer* dans le lit de sa fille et qu'une nuit, la patrouille �tant effectivement rentr�e dans la maison, elle a parl� de dipht�rie de la petite endormie ce qui a fait fuir le sous-officier. Je n'ai pas personnellement de tels souvenirs. J'ai su qu'un jour H�l�ne Schweitzer* avait oubli� son petit sac dans le train sur la banquette � c�t� d'un officier de la Wehrmacht et qu'elle est tout simplement remont�e dans le train pour le chercher. H�l�ne Schweitzer* semblait tr�s peu �motive ! Je me souviens aussi qu'un soir � Lezay, en 1943, H�l�ne Schweitzer* gravait son linol�um et que nous les enfants nous �tions d�j� couch�s. Le couvre-feu �tait d�pass� et une patrouille allemande frappa violemment � la porte. Ma m�re s'�nerva contre l'insouciance d'H�l�ne Schweitzer* qui lui r�pondit calmement ces paroles inscrites dans ma m�moire : "Suzanne pourquoi es-tu si nerveuse ?"
Le dessin du tampon � reproduire �tait obtenu � l'envers par impr�gnation d'un coup de tampon authentique sur une pomme de terre coup�e en deux. Puis reproduit sur un linol�um en version invers�e : commen�ait alors le travail de gravure du linol�um au stylet. Je n'ai pas vu de mes yeux le proc�d� � la pomme de terre ; on me l'a racont�. �tant donn� la diversit� des tampons r�alis�s par H�l�ne Schweitzer*, elle a effectivement d� se d�placer �norm�ment dans toute la France. Les lieux de naissance �taient souvent choisis dans les communes o�, par faits de guerre, les archives avaient br�l� : Toul, Etain, Roubaix etc.
Avant notre fuite dans les Deux-S�vres notre famille a �t� munie de faux papiers d'identit� que j'ai en partie conserv�s :
- ma grand-m�re Alice Samuel n�e Katz �tait devenue Alice Sambot n�e Borchat
- ma m�re �tait Sophie Henrion n�e Sambot
- ma soeur �tait Anne Henrion et moi Jean henrion
Je donne en annexe des exemples de faux papiers r�alis�s par H�l�ne Schweitzer*, concernant ma famille. La carte d'identit� de ma cousine parisienne Jeannine L�vy dite Leroy comportait d'ailleurs une faute d'orthographe dans le nom de la commune de naissance : Vaizon la romaine, qui aurait pu lui �tre fatale...
C'est � Lezay dans les Deux-S�vres o� le Pasteur Pierre Fouchier* nous avait recueillis qu'�taient imprim�s les faux formulaires vierges r�alis�s dans les papiers ad�quats par l'imprimeur Monsieur Chopin : peut-�tre pas tous ceux qu'utilisait H�l�ne Schweitzer* mais en tout cas ceux utilis�s par le groupe de r�sistants bordelais. Mon p�re qui avait �t� "br�l�" dans toutes ses caches d'abord � Lyon puis � Toulouse nous avait rejoint � bicyclette � Lezay peu de temps apr�s notre arriv�e. Il a travaill� quelque temps � la composition chez l'imprimeur M. Chopin. Je me souviens d'avoir saisi des bribes de conversation entre mes parents qui m'avaient convaincu, (je n'avais que 9 ans), que M. Chopin faisait les formulaires de faux papiers. je m'en suis entretenu de vive voix en ao�t 1996 avec son ancien chef d'atelier, M. Georges H�bert, membre des FFI. Il se souvenait tr�s bien de mon p�re. Il m'a affirm� sans sourciller que M. Chopin, son patron, �tait bien trop "trouillard" pour travailler pour la r�sistance. Mais � l'�poque chacun devait de m�fier de tout le monde et la discr�tion �tait la condition absolue de survie. Le r�le de M. Chopin m'a �t� confirm�, (sans que je lui en parle), dans le t�moignage de Jean Bernyer, qu'il a bien voulu r�diger en mai 1998, lorsque je pr�parais le dossier Yad Vashem du Pasteur Pierre Fouchier*. J'ai d'ailleurs retrouv� des liasses d'actes de naissance vierges qui datent de cette p�riode et j'en donne un en annexe. Mais des lettres anonymes de d�nonciation partaient vers la Kommandantur. La posti�re de Lezay les interceptait. Madame Pierre Fouchier* poss�de encore une de ces lettres d�non�ant les activit�s de son mari. Mon p�re dut quitter son travail et rester � la maison. Je donne �galement en annexe la copie de ce t�moignage primordial de Jean Bernyer qui �crivit � 86 ans : "d�s les ann�es 41-42 il se trouva qu'il fallait faire des fausses cartes d'identit�s. �dith C�r�zuelle* me dit avoir une amie pouvant faire des tampons grav�s dans du linol�um �pais, il s'agissait d'H�l�ne Schweitzer* mais alors �dith C�r�zuelle* ne m'avait pas dit son nom. Elle lui demanda de faire pour moi une douzaine de tampons de diff�rentes mairies de localit�s situ�es en zone libre. Ces tampons me permirent d'�tablir environ 200 cartes d'identit�s parfaitement conformes."
Et dans un post scriptum il ajoute : "Ma famille et moi avons fait aussi quelques courts s�jours chez Pierre Fouchier* (� Lezay). Moi-m�me y suis venu en plus pour des motifs pr�cis; en particulier pour Mr. Chopin, l'imprimeur, qui se donnait la peine de rechercher la qualit� exacte du papier et prenait les plus grands soins pour me faire, en quantit�s, des documents parfaitement conformes."
Dans un second t�moignage ma cousine Jeannine L�vy d�crit d'autres actions d'H�l�ne Schweitzer* au profit de personnes juives demeurant � Paris et dans un troisi�me t�moignage Madame Myriam Comte n�e Weil, que j'ai retrouv�e presque par hasard, et dont la famille a h�berg� H�l�ne Schweitzer* au d�but de la guerre, � Aix en Provence confirme l'activit� d'H�l�ne Schweitzer*, d�s 1940. Elle cite en particulier les lettres adress�es � son fianc� dans des paquets de tilleul. J'ai vu faire H�l�ne Schweitzer* � Lezay qui �crivait avec une plume tr�s fine � l'encre de chine sur du papier � cigarette. Chaque feuille �tait ins�r�e entre deux p�tales de tilleul contrecoll�s. A l'immersion du tilleul dans l'eau chaude les lettres flottaient. C'�tait pour H�l�ne Schweitzer* un moyen de communication courant car le tilleul int�ressait fort peu l'occupant. je donne �galement copie du t�moignage de Jean Bernyer, responsable � Bordeaux du r�seau de renseignement F2 et qu'il m'avait adress� en 1998 � l'�poque o� je commen�ais mes enqu�tes. H�l�ne Schweitzer* est morte relativement jeune � 73 ans. Son histoire h�ro�que restera � jamais in�dite, ainsi en avait-elle d�cid�. Elle a contribu� � sauver des centaines de Juifs pers�cut�s par le nazisme et par Vichy. Je m'�tonne un peu que personne ne l'ait jamais propos�e pour �tre inscrite � Yad Vashem. Peut-�tre est-ce parce qu'elle se r�clamait juive et que yad Vashem n'est pas fait pour les personnes de notre propre communaut�, mais pour ceux qui leur ont tendu la main pour les sauvegarder. En r�alit� H�l�ne Schweitzer* �tait protestante � l'�poque des faits, ce qui lui a permis de jouir d'une grande mobilit� dans la France de Vichy. Son engagement pour la communaut� juive a �t� jusqu'� l'adoption de sa religion, (je pense que philosophiquement elle �tait agnostique). J'ai assist� � son enterrement au cimeti�re Juif de Cronenbourg en banlieue de Strasbourg. C'est le grand rabbin Warschawski qui a prononc� au bord de sa tombe de magnifiques paroles simples et poignantes. Il a dit en substance : "cette femme m�rite plus que chacun d'entre nous de reposer ici dans le cimeti�re de notre communaut�... Eliane bath Abraham..."
La M�daille des Justes deYad Vashem, remise � H�l�ne Schweitzer* (� titre posthume) le 11 mars 2003 � la Mairie de Strasbourg.
Familles h�berg�es, cach�es, aid�es ou sauv�es par H�l�ne Schweitzer Rosenberg Jean Hertz(dit Jean Henrion) Anne Hertz(dite Anne Henrion) Paul Hertz Suzanne Hertz(dite Sophie Henrion n�e Sambot) Alice Samuel(Veuve d'Achille Samuel)
Chronologie[Ajouter]
Cet article n'est pas encore renseign� par l'AJPN, mais n'h�sitez pas � le faire afin de restituer � cette commune sa m�moire de la Seconde Guerre mondiale.
Témoignages, mémoires, thèses, recherches, exposés et travaux scolaires [Ajouter le votre]
Paul Joseph dit Joseph Bourson Arr�t� comme otage et fusill� le 11 juin 1944 � Mussidan (Dordogne), Blog2 pages,
réalisation 2011 Auteur :
Alain LAPLACE
Article r�dig� � l'occasion de mes recherches g�n�alogiques, puis la mise en ligne d'un blog (http://majoresorum.eklablog.com)d�di� � la famille BOURSON qui a �t� expuls�e en 1940 du village de Vigy (Moselle) et r�fugi�e � Mussidan (Dordogne) et les villages alentours o� elle a v�cu toute la dur�e de la guerre. Plusieurs personnes natives de Vigy faisaient partie des 52 otages fusill�s le 11 juin 1944.
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